Il y a un an et demi, en octobre 2020, le gouvernement du Québec rendait publique son intention de bâtir un nouveau centre hospitalier affilié universitaire (CHAU) dans la ville de Gatineau. Ce centre, de 600 lits (pour un ajout net de près de 250 lits), viendrait combler les besoins d’une partie de la population de l’Outaouais en matière de santé, notamment en rehaussant le niveau de soins spécialisés et en appuyant le rapatriement vers l’Outaouais de services actuellement offerts en Ontario.
La construction d’un nouvel hôpital s’impose d’autant plus que l’Outaouais connaîtra, selon toute vraisemblance, une croissance démographique significative au cours des prochaines années (14% prévu d’ici 2036) de même qu’un vieillissement de sa population.
La localisation de l’hôpital me semble être de la plus haute importance pour la région de l’Outaouais. Après tout, un hôpital est un moteur économique en même temps qu’un pôle d’activités médicales. C’est aussi un point de référence pour les organismes communautaires et un agent ou ferment d’identification sociale. C’est une figure, une marque dans la société.
Selon les rumeurs, deux sites seraient tout particulièrement envisagés par le gouvernement du Québec pour la localisation de l’hôpital. Il s’agit du site du Centre Asticou et d’un site en bordure du boulevard de la Technologie dans les Hautes-Plaines. Ces deux sites sont situés quelque peu en périphérie du centre-ville de Gatineau.
Pour ma part, je crois que, pour le choix du site du futur hôpital, aucun terrain ne devrait être disqualifié au départ. En d’autres mots, j’invite le gouvernement du Québec et les autres intervenants à ne pas se faire une idée préconçue de l’emplacement idéal de l’hôpital.
Je souhaite cependant que le CHAU réponde essentiellement aux cinq critères suivants : (1) La bonification substantielle des soins de santé; (2) la protection de l’environnement; (3) l’accessibilité pour tous et toutes, y compris par le transport en commun; (4) l’équilibre entre hauteur et étendue ; et (5) la réduction de l’étalement urbain et un sain aménagement du territoire.
Je favorise personnellement une localisation plus centrale pour le CHAU. Parce que je crois que le futur hôpital peut être un important levier du développement urbain et de la revitalisation de quartiers qui sont en perte de vitesse pour différentes raisons, je verrais d’un bon œil que l’hôpital en question soit carrément érigé au centre-ville du secteur Hull. Ce dernier offre déjà un réseau d’infrastructures périphériques de même qu’une proximité avec les services communautaires. Cela, à mon avis, devrait jouer pour beaucoup dans la balance.
L’installation du CHAU en plein cœur de Gatineau créerait une nouvelle synergie, une dynamique propice à l’avancement et à la redynamisation des quartiers centraux. Ce mouvement serait susceptible de générer à son tour une cohabitation, dans une certaine mesure, de l’histoire et de la modernité. Tout cela permettrait à la ville de se redéfinir, de se renouveler autour d’un bâtiment-phare.
Quoi qu’il en soit, espérons que, quel que soit le site que le gouvernement choisira pour le futur hôpital, ce choix soit bien réfléchi, pondéré et responsable. Espérons par ailleurs que le CHAU vienne éventuellement renforcer l’identité et la fierté de l’Outaouais. C’est précisément la fierté de l’Outaouais, laquelle je partage avec tant d’autres, qui m’amène à prendre ainsi positions dans le présent dossier.
Benoît Pelletier, avocat, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa et ex-politicien